Zenzile
Musique Live
Emergence émergence ! Non, Zenzile n’a pas une gueule d’émergence. A une époque où il faudrait se précipiter sur le EP du moindre nouvel artiste porté par un buzz éphémère, le quintet angevin propose quelque chose de bien plus précieux : une carrière. Vingt ans et des poussières au service d’une musique parmi les plus personnelles qui soient, matérialisés par onze albums (plus quelques hors séries) à la tenue exemplaire. Un parcours sans fausse note au cours duquel le groupe, instrumental, a sollicité pas mal de chanteurs (Jamika, Tricky, Sir Jean, David K. Alderman, Paul St Hilaire, Jay Ree, Winston McAnuff, Zakia Gallard) et un violoncelliste virtuose (Vincent Segal), pour le meilleur. A l’origine de Zenzile était le dub, cette version instrumentale du reggae, invention de sorciers jamaïcains du son, truffée d’écho, de delay et de reverb. En compagnie de quelques autres (Improvisators Dub, High Tone, Brain Damage…), Zenzile en a creusé les fondations en France, avec singularité. Son dub à lui, ample et cinématographique, ne sonne pas comme celui des Anglais ou des rastas caribéens. Et le groupe, tous ses sens en éveil, va le faire évoluer encore et encore en allant fricoter du côté du rock (progressif ou pas), de l’électro, de la new wave, du funk-punk ou du krautrock. Jusqu’à le faire disparaître presque totalement sur son dernier album Elements (2017). Un disque qu’on pourrait voir aujourd’hui comme l’étape finale d’une longue et enrichissante exploration musicale, avant retour aux fondamentaux. Car à trop s’en éloigner, le dub a fini par manquer à Zenzile, comme Zenzile a manqué au dub. A l’heure où les sound systems fleurissent partout en France, où de jeunes pousses triturent à tout va le dub digital, les pionniers angevins, plus unis que jamais, ont décidé de reprendre la main, histoire de rappeler qui sont les patrons de cette scène. « Nous voulons replonger dans un dub décomplexé, frais et dansant. Un dub pur et dur à la Zenzile. Et fédérer un maximum de gens autour ! » 2018 marquera donc pour le quintet un retour vers le futur, avec, dès janvier, la sortie d’un nouveau titre par mois, des riddims inédits en pagaille et un slogan on ne peut plus clair : DUB UNLIMITED.